Comme bien des histoires, celle de Georges commence à l'hôpital, un hôpital californien pour être plus précis. Après une nuit interminable, car le bambin avait décidé de se faire désirer en ce mois d'Octobre, le jeune Hartley venait de naître, premier enfant de ce couple modèle des années 60. Par couple modèle, entendons bien que c'était en réalité un couple qui avait tout réussi et qui montrait tous les signes extérieurs de richesse possibles et inimaginables. Mais nous en reviendrons après. Le bébé fut nommé Georges, prénom de son grand-père maternel décédé quelques mois plus tôt alors qu'il aurait voulu connaître son premier descendant, ainsi que Adam, tout simplement le prénom du premier homme sur terre si on en croit le livre sacré de l'église catholique. Personne au sein de la maternité n'aurait pu dire si les parents Hartley étaient heureux de voir cette enfant agrandir cette famille. Bien sûr, elle avait pris le nouveau-né dans ses bras sous le regard du père qui affichait un sourire de fierté sur ses lèvres, mais leur comportement semblait surtout être le minimum syndical de l'amour et de l'attention qu'on peut donner à un enfant.

Et les années purent donner une réponse à cette question. Georges était l'enfant du couple Hartley, mais le couple en question ne s'était sans doute pas encore aperçu qu'ils étaient parents. Georges était presque un élément du portrait si parfait que le couple voulait afficher à tout le monde, un signe de richesse en plus en quelques sortes. Il avait l'argent, le bonheur et un enfant, une famille modèle aux yeux extérieurs, mais ce n'était que de la poudre qu'on leur jetait aux yeux, justement. Lui, trop absorbé par son travail et son argent à gagner, elle trop occupée par les boutiques et l'argent de son mari à dépenser. Et une nounou pour s'occuper de la progéniture. On ne peut même pas dire que le couple battait de l'aile, il n'y avait aucune dispute, à vrai dire, il n'y avait presque qu'aucune parole échangée entre eux. Le contraire de l'amour, ce n'est pas la haine, mais bien l'indifférence, et c'était exactement ce qui se passait entre eux, bien qu'il y ait eu de la passion à une époque, tarie par le flot du temps et l'écoulement des vies. Georges ne peut même pas vous dire le dernier cadeau qu'il reçu sous le sapin de la part de ses parents, le seul qu'il s'y trouvait était celle de Nanny la nounou, qui cherchait sans cesse des excuses aux parents négligeant.

Mais la lassitude est une ennemie tout aussi grande que l'amour et, alors que le jeune Georges était âgé de neuf ans, le couple divorça le plus simplement du monde, comme si c'était la suite logique de l'évolution de leur couple. Fort heureusement, Georges pu garde Nanny alors qu'il allait vivre avec sa mère, ne voyant son père que les week-ends, une situation que d'autres jeunes connaissaient et qui n'est pas forcément la meilleure. Mais Georges ne se laissait pas abattre par si peu de chose, il continuait à vivre sa vie comme un enfant normal, à la scolarité normale. Il était d'ailleurs un enfant assez doué en classe, surtout pour les maths, le genre d'enfant qui peut vous réussir des calculs compliqués mentalement en quelques secondes, le genre d'enfant dont les parents peuvent être fiers… en règle générale, mais pas pour les Hartley. Georges vécu ainsi durant un an et quelques mois, trimballé d'une maison à l'autre. Mais une attaque à main armée dans la banque de son père changea tout. Le journal raconta toute l'opération dans le moindre détail, comme le père de Georges avait été amené au coffre pour l'ouvrir, frappé, blessé et puis surtout mis à mort une fois que les voleurs avaient eu ce qu'ils voulaient. Georges appris la nouvelle comme ça, de la bouche d'une femme tenant un micro devant la dite banque et il ne fit jamais aucun commentaire sur la situation, gardant un véritable mutisme que ce soit envers sa mère, sa nounou ou ses amis, personne ne su jamais ce qu'il ressentit à cette annonce. Il y eu un bel enterrement, un jour de pluie. Tout le monde habillé en noir, portant des parapluies assortis et des fleurs blanches posées sur le cercueil avant que la terre ne le recouvre complètement. Certains ont juré voir Georges pleurer, mais peut-être n'était-ce là que la pluie qui coulait sur son visage.

Après ça, Georges décida de changer ses objectifs dans la vie, ou plutôt de s'en donner un. Dès qu'il eu la possibilité, il s'orienta vers des études économiques, dans le but de réussir comme son père, mais en se faisant la promesse de n'oublier ni ses amis, ni sa famille. En parlant d'ami, il en rencontra un, ou plutôt une. Paige Harper, coup du sort que l'ordre alphabétique les a fait se retrouver côte à côte. Et de cette simple rencontre une amitié et une complicité s'installa tant et si bien qu'ils étaient devenus inséparables. Au point d'harceler les profs pour les mettre ensemble sur les projets, quand c'étaient à eux de désigner les paires d'office. Et comme toutes relations, elle évolua au fils des années, pour finalement donner naissance à une romance entre Georges et Paige. Georges marchait un peu sur les traces de ses propres parents, car le couple était, aux yeux de beaucoup des autres élèves, le couple parfait. D'ailleurs, ils furent sacré aux bals de fin d'année plusieurs fois de suite roi et reine, comme le voulait la coutume. Mais Georges ne risquait pas de refaire les mêmes erreurs, même à 18 ans, lorsque, lors d'un voyage à Paris, il décida à se lancer, de faire le premier pas, il demanda en mariage Paige. Cette dernière lui répondit par l'affirmative, mais rajouta une nouvelle qui allait changer sa vie à tout jamais. Elle était enceinte… de lui, bien sûr. Il allait enfin pouvoir former la famille qu'il n'avait pas pu avoir dans son enfance, et pouvoir prouver à son père, puisse-t-il le voir de là-haut, qu'il avait réussi et mieux que lui. C'est neuf mois plus tard que naquit Marshall, le fils du nouveau couple Hartley.

Quelques années plus tard, son diplôme en poche et l'héritage de son père en banque, il commença à créer sa propre affaire, à Vegas. Un casino, le "Bellagio". Il n'était pas vraiment un joueur, mais pour une raison totalement inexplicable, il trouvait l'idée intéressante, le rêve américain dans la ville où il fait toujours nuit. Alors que sa femme s'occupait de Marshall, il supervisait les travaux et passait la semaine dans un petit motel avant de rentrer uniquement pour les week-ends. Ce n'était pas la plus plaisante des façons de vivre en famille, mais c'était un sacrifice nécessaire de quelques mois. Mais le destin tisse sa toile et nous donne de belles surprises parfois, et parfois de moins belles. Sienna, voilà son prénom, la concierge du motel qui n'avait rien à voir avec les vieilles femmes aux cheveux mal lavé dont on peut avoir l'habitude. Non, c'était une jeune et jolie fille et Georges en tomba directement amoureux. Il aimait sa femme, c'est vrai, mais ça avait plus été une évolution naturelle du lien, au fond, c'était toujours son amie et rien de plus. Mais là, il venait de recevoir la foudre divine et la flèche de cupidon en l'espace de la même seconde. Et il commit l'irréparable avec elle ce qui déboucha vers une nouvelle, tout de suite mois heureusement que la première fois. Sienna était tombée enceinte. Mais il était marié et il ne pouvait quitter sa femme. Il coupa les ponts autant que possible avec Sienna, ne faisant plus que de la croiser et se contentant du simple bonjour et bonsoir, sans rien de plus. Il vint néanmoins rendre visite le jour de l'accouchement, voir sa fille illégitime pour une seule et unique fois. Il ne pouvait pas se lier à elle et préférait oublier leurs existences. Le Bellagio était fini et la famille Hartley arriva au Nevada pour s'y installer.

Les années s'écoulèrent et il n'entendu plus parler d'elles, vivant comme si cet épisode de sa vie n'avait jamais existé. Et il y arrivait plutôt bien. Puis, il y eu un coup de fil, 5 ans plus tard. Georges décrocha machinalement avant de reconnaître la voix de l'autre côté du combiné. "Sienna ?" fut la question qu'il posa tout bas. Elle lui parla de sa fille qui avait besoin d'elle. Georges ne comprenait pas pourquoi maintenant. La vérité éclata au fils de la discussion, elle avait été enlevée et les ravisseurs demandaient une forte rançon. Georges fut pris de remord, se sentant coupable de l'avoir abandonné. Et si il avait été là pour elle, peut-être serait-elle heureuse et non pas dieu sait où. Il prétexta une réunion urgente avec Bob, un des associés du casino, afin de pouvoir s'éclipser sans réellement attirer l'attention de sa famille. Il rassembla l'argent avant d'aller à la rencontre de Sienna pour remettre l'argent aux kidnappeurs. L'échange eu lieu dans un quartier reculé, presqu'en plein milieu du désert. Il déposa l'argent avant de voir sa fille sortir de la voiture, terrorisée. Elle ressemblait à sa mère, tout du moins ce à quoi sa mère aurait pu ressembler à cet âge là. Il fit alors la famille se réunir et eu de nouveau regret de ne pas faire partie du tableau, pas officiellement. Les ravisseurs quittèrent les lieux mais en laissant un petit souvenir à la famille réunie, un coup de feu, qui vint heurter la mère de Pearl, s'effondrant sur le sol sous les yeux de sa fille. Georges sortit alors une arme à son tour, subtilisée au casino, et tira en direction de la voiture tout en appelant sa fille. Aucun de ses tirs ne fit mouche, et pour cause, il n'était pas un véritable tireur, il avait surtout prit l'arme pour les effrayer. Il ramena Pearl à la maison, trouvant une histoire pour la présenter à la famille et proposer son adoption. Le combat fut difficile, mais Pearl fut acceptée dans la famille.

Aujourd'hui, certaines choses ont changé et d'autres au contraire, son toujours les mêmes. Paige est toujours la femme de Georges, il est toujours à la tête du Bellagio et ils adorent ses enfants. Mais les relations ne sont plus toujours autant au beau fixe, comme quoi, avoir une famille parfaite n'est pas forcément chose aisée.